Les langues n'existent pas dans l’isolation, mais sont créées et employées par les personnes. La manière dont une personne parle et écrit est intimement liée à elle. Nous, les êtres humains, nous définissons aux autres en grande partie par notre langage. La sociolinguistique étudie la langue sous l’angle des caractéristiques et phénomènes sociaux.
4.1 - Quelques phénomènes sociolinguistiques
Dans ce chapitre, on ne discute que de quelques aspects, principes et phénomènes de la sociolinguistique.
4.1.1 - L’identité
L’identité est un concept au centre des études sociolinguistiques. Quand moi, Dr. McBride, je dis à mon enfant que « Je vais au petit coin. » au lieu de dire « Je vais pisser. » parce que je veux m’établir comme quelqu’un de plus poli et civilisé. C’est mon identité. Certains hommes n’aiment pas dire le mot mignon parce qu’ils pensent que ce mot ‘fait trop féminin.’ C’est l’identité.
Dans ce dernier exemple (i.e. les hommes qui ne disent pas mignon), il y a au moins deux variables qui entrent en jeu : le mot mignon (une variable linguistique) et le sexe masculin du locuteur (une variable sociologique). Dans chaque étude de sociolinguistique, on considère ces deux genres de variables.
- Les variables linguistiques sont les aspects et les éléments de la langue elle-même. Par exemple, ces variables peuvent être la prononciation d’un mot ou phonème particuliers ; la présence ou absence d’une liaison ; le choix de se servir du mot anglais computer au lieu du mot français ordinateur ; l’emploi du pronom relatif que au lieu du pronom relatif dont ; etc.
- Les variables sociologiques sont les caractéristiques du locuteur lui-même. Par exemple, son âge, son sexe, là où il habite, son niveau socio-économique, son niveau d’éducation, sa profession, etc.
Pour plus d’exemples, regardez Sociolinguistics: Crash Course Linguistics #7.
Exercice 4.1 : Comment vous voyez-vous vis-à-vis de votre anglais ? What does how you speak English say about you?
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4.1.2 - Le contact
Dans la sociolinguistique, quand on parle de contact, on parle des situations où il y a des locuteurs d’au moins deux langues. On voit le contact aux frontières des pays (e.g. l’Espagne et le Portugal) ou des régions (e.g. le Québec et l’Ontario), mais aussi dans la même ville : combien de langues sont parlées à Rabat, ville capitale de Maroc ?
Les situations où il y a beaucoup de contact linguistique sont très intéressantes, car les langues—en tant que codes vivants—changent grâce aux interactions avec d’autres langues. Dans de telles communautés, on voit souvent la création d’une diglossie—ou une hiérarchie des langues—où une langue s’établit comme langue haute et l’autre (ou les autres) est la langue basse. La langue haute s’emploie dans l’éducation, les fonctions administratives, etc. ; et la langue basse s’emploie pour les conversations entre amis ou en famille, pour la petite commerce, etc.
Dans une diglossie, on dit souvent que la langue haute est la langue de prestige, mais ce n’est pas toujours si simple : ce qui est prestigieux pour une personne n’est que de la répression pour une autre. C’est pour cela que les langues basses passent parfois au niveau de langue haute.
Exercice 4.2 : Avez-vous déjà eu l’expérience de changer votre langage après avoir été en contact avec les gens qui parlaient une autre langue ?
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4.1.3 - Le code-switching
Le code-switching (ou l’alternance codique en français) est le phénomène de changer d’une langue à une autre dans une conversation. Par exemple, quand je passe du français to English and then back encore, c’est du code-switching.
On peut faire des switch :
- D’une phrase à l’autre : J’ai faim. Let’s go get lunch.
- Dans les expressions au début ou à la fin d’une phrase : Il est sage, you know ?
- D’un mot à l’autre dans la même phrase : Allons chercher du lunch.
- D’un morphème à l’autre : I conduire’d that golfcart all over campus!
On choisit de faire du code-switching pour plusieurs raisons. Par exemple :
- Un besoin lexical : Et quand il me l’a dit, j’étais…creeped out.
- Pour adoucir une demande : Dr. McBride,could I turn this in a day late, s’il vous plaît ?
- Pour certains sujets : That classic, returned missionary nonsense : “The gospel just makes more sense in French.”
- Inconsciemment : Si je me fais mal en classe je dis « Ow! » au lieu de « Aïe ! »
- Etc.
Pour plus d’exemples, consulter les sections Rationale et Types de Wikipedia: Code-switching.
Exercice 4.3 : Dans quelles situations est-ce que vous faites le code-switching le plus ? Et quel type de switch (e.g. entre mots, entre phrases, dans le même mot, etc.) faites-vous le plus ?
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4.2 - Quelques ressources utiles
Sociolinguistics: Crash Course Linguistics #7
Wikipedia: Code-switching