Le discours rapporté

Nuage de mots relatifs au discours rapporté
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Objectifs

Observez et déduisez

Qu'est-ce que vous remarquez par rapport aux parties soulignées du texte suivant ?


Passepartout mourait du désir d’interroger cet homme, de lui demander si le paquebot de Yokohama avait quitté Hong-Kong. Mais il n’osait pas, aimant mieux conserver un peu d’espoir jusqu’au dernier instant. Il avait confié ses inquiétudes à Fix, qui — le fin renard — essayait de le consoler, en lui disant que Mr. Fogg en serait quitte pour prendre le prochain paquebot. Ce qui mettait Passepartout dans une colère bleue.

Mais si Passepartout ne se hasarda pas à interroger le pilote, Mr. Fogg, après avoir consulté son Bradshaw, demanda de son air tranquille audit pilote s’il savait quand il partirait un bateau de Hong-Kong pour Yokohama.

« Demain, à la marée du matin, répondit le pilote.

Ah ! » fit Mr. Fogg, sans manifester aucun étonnement.

Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Jules Verne (domaine public)


Considérez ces questions :

  • Quels passages citent quelqu'un directement (en utilisant les mots précis) ? Quels passages citent quelqu'un indirectement (par paraphrase) ?
  • Quand on cite quelqu'un indirectement, comment est-ce qu'on introduit une question ? Comment est-ce qu'on introduit une déclaration ?
  • Dans les passages qui citent quelqu'un indirectement, comment les temps des verbes sont-ils différents de ce que la personne a probablement dit ?
  • Quels signes de ponctuation marquent le début et la fin d'une citation directe ? Quel signe de ponctuation marque un changement de locuteur ?
  • Après une citation directe, quel est l'ordre du sujet et du verbe dans la phrase qui indique la source de la citation ?

Introduction

Le discours rapporté concerne la citation d’un autre acte de communication (par le même locuteur ou par quelqu’un d’autre). On peut présenter le discours rapporté de manière directe, en insérant les mots exactes dans la phrase. On peut aussi le présenter de manière indirecte, en transférant le sens du discours sans utiliser les mêmes mots.

Discours direct

Une citation en discours direct est souvent le complément d’un verbe de communication (comme dire, déclarer, ou écrire) ou d’un autre verbe employé à cette fin (commencer, s’acharner, etc.). Dans ce cas, le verbe est séparé de son complément par les deux-points (:) et la citation est entourée de guillemets (« »). La citation commence par une lettre majuscule.

Il lui dit : « J’admire votre sang-froid. »
🛈 Information : Les guillemets, comme le point d’interrogation, le point d’exclamation, et les deux-points, sont séparés du texte qu’ils entourent par un espace insécable (non-breaking space). L’espace est insécable car elle garde les caractères de chaque côté sur la même ligne. Si votre clavier n’a pas de touche pour les guillemets ou pour l’espace insécable, il suffit de rechercher sur Internet pour trouver comment réaliser ces caractères selon le système d’exploitation de votre ordinateur.

🌍 Variation : L'espace avant le guillemet fermant, les points d'interrogation et d'exclamation, et les deux-points (et l'espace après le guillemet ouvrant) est bien sûr un choix laissé aux éditeurs. Il n'est pas très rare de voir des publications où il n'y a pas d'espace dans ces contextes, et ceci est encore plus commun dans l'écriture informelle. Néanmoins, l'espace est préconisé dans ces contextes par la plupart des guides de rédaction.

Si la citation est incorporée dans la phrase principale, il n’y a pas de deux points, la citation commence par une lettre minuscule et la ponctuation finale se met après le guillemet fermant.

Elle rappelle que « la population québécoise est très attachée au consensus social ».

Si la citation commence la phrase, on peut indiquer sa source par une incise à la fin de la phrase. Dans cette incise, le sujet suit le verbe. La citation est généralement séparée de l’incise qui la suit par une virgule.

« Nous étions en quelque sorte le comité des fêtes », raconte le président.

On peut aussi mettre l’incise au milieu de la citation, séparée ou non par des guillemets supplémentaires.

« En valeur absolue, cela reste faible », reconnaît-il, « mais cela reste un résultat encourageant. »

« En quelque sorte, dit Philippe Quéau, avec la simulation, les images précèdent le réel. »

Dans l’incise, si le sujet est un pronom, il est lié au verbe par un trait d’union. Si le verbe est à un temps composé, le pronom sujet suit directement l’auxiliaire. Mais si le sujet est un nom, il suit le participe passé. Comme pour l’inversion dans l’interrogation, un -t- est ajouté pour faciliter la liaison entre un verbe se terminant par une voyelle et un pronom sujet commençant par une voyelle.

« Si le nombre de bénévoles est important », a-t-il ajouté, « il en manque encore ».

« Nous avons répondu à une urgence », a expliqué M. Wahl, rappelant que « l’ensemble des élus nous en parlent depuis le début de l’année ».
🌍 Variation : Il n’est pas rare que les guillemets soient supprimés si les limites de la citation sont claires.
- Il faut que je parte maintenant, dit-il.

On utilise les guillements anglo-saxons (“ ”) pour marquer une citation au milieu d’une autre citation :
- Vous dites : « Notez que je parle de “couverture”, pas d’équivalence ».
On voit parfois les guillemets anglo-saxons à la place des guillemets français dans des textes informels (SMS, forums, etc.).
- Je répond “wtf” et je recois “:-)”.
(Notez l’orthographe incorrecte de je réponds et je reçois dans cet SMS.)

On utilise un tiret long (—) pour marquer le changement de locuteur dans le dialogue. Ce tiret long est généralement (mais pas toujours) accompagné d’un retour à la ligne. On a le choix de marquer le premier tour de dialogue par un simple tiret long ou par un guillemet. Si on le marque par un guillemet, on conserve généralement le guillemet fermant pour la fin de tout le dialogue.

Susan soupire. — Maman.
— Qu’y a-t-il ?
— Je ne dors pas.
— Ce n’est pas le matin.
— Le croque-mitaine m’observe.

« Marty est mort, dis-je quand elle arrive.
— Oui, je sais », répond-elle en s’asseyant près de moi.

« T’ai-je manqué, mon amour ? — Peut-être. » Il l’embrassa de nouveau.

Discours indirect

On peut relater le sens de ce que quelqu’un dit sans citer ses mots exactement. Au style indirect, le discours rapporté est situé dans la syntaxe de la phrase et doit souvent subir certaines modifications.

Direct : Il demande : « Est-ce que vos vacances se passent bien ? »
Indirect : Il demande si nos vacances se passent bien.

Au style indirect, on doit faire attention aux mots déictiques. Les mots déictiques sont ceux dont l’interprétation dépend du contexte. Par exemple, dans les phrases ci-dessus, les mots vos et nos sont déictiques car ils font référence à des personnes participant dans la conversation. Dans la citation directe, le locuteur utilise vos pour parler des personnes à qui il s’adresse. Mais dans le style indirect, ce mot est susceptible de changer (en nos, dans ce cas) parce que les circonstances du discours sont différentes.

Les éléments déictiques d’une citation qui peuvent changer au style indirect incluent les pronoms personnels, les temps des verbes, et des mots spatials ou temporels comme ici et maintenant.

Comparez les citations suivantes aux styles directs et indirects. Est-ce que, qui introduit une question totale, change en si, qui introduit une question totale au discours indirect. Le pronom personnel tu change en je. Le temps du verbe change du présent à l’imparfait, et le mot demain est remplacé par le lendemain. Tous ces changements suivent du fait que la citation est relatée de manière indirecte à un moment plus tard par la personne à qui elle a été adressée.

Direct : Le soir, il m’a demandé : « Est-ce que tu peux apporter les croissants demain ? »
Indirect : Le soir, il m’a demandé si je pouvais apporter les croissants le lendemain.

Pour relater une déclaration au style indirect, utilisez que pour associer la phrase principale (il dit, il pense, etc.) et la phrase subordonnée :

Il dit que ça donne du goût à la crème brûlée.
(« Ça donne du goût à la crème brûlée. »)

Pour relater une question totale ou alternative, utilisez si. Notez que si se transforme en s’ devant un mot commençant par un i (s’il), mais ne change pas devant les autres voyelles (si elle, si on) :

Il demande si nos vacances se passent bien.
(« Est-ce que vos vacances se passent bien ? »)

Pour relater une question partielle, utilisez le mot interrogatif (quand, comment, , etc.) :

Il demande où se trouve sa montre.
(« Où se trouve ma montre ? »)

Pour relater des questions commençant par que, qu’est-ce que et qu’est-ce qui, utilisez ce que et ce qui :

Je ne comprends pas ce que vous dites.
(« Qu’est-ce que vous dites ? »)

Grand-père veut savoir ce qui est arrivé à son neveu.
(« Qu’est-ce qui est arrivé à mon neveu ? »)

Pour relater un ordre, remplacez l’impératif par de (d’) + infinitif :

Ils ont dit de prendre le bus 148.
(« Prenez le bus 148. »)

Je lui ai dit de ne pas venir.
(« Ne viens pas. »)

Pour relater des réponses oui et non, utilisez que :

Après, si on leur demande s’ils comptent partir en vacances, ils répondent que non.

Lorsque la phrase principale est au passé, le temps du verbe dans la phrase subordonnée doit changer, car ils appartiennent à la même période.

Il a dit que les records ne l’intéressaient pas.
(« Les records ne m’intéressent pas. »)
citationdiscours indirect au passé
présent→ imparfait
« Je suis au courant de tout. »Je lui ai dit que j’étais au courant de tout.
passé composé→ plus-que-parfait
« Cette caisse a été volée. »Ils m’ont dit que cette caisse avait été volée.
futur→ conditionnel
« Je le ferai. »Tu avais dit que tu le ferais.

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